Professions dentaires: Mercure = danger!

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14-11-2016

VEILLE POUR L'ANNEE 2013 - PARTIE 3

 

Veille scientifique année 2012, 2e partie : les soins

 

Ce travail est l’étape préliminaire d’un chantier plus large, visant à regrouper l’ensemble des connaissances scientifiques disponibles dans les revues internationales à comités de lecture sur les soins appropriés en cas d’intoxication chronique au mercure.
Le corps du texte respecte scrupuleusement le contenu des articles et n’engage pas l’avis de NAMD ; nos quelques remarques se concentrent dans les notes de bas de page.

Plan du document :

I- Les soins dentaires

II- Soigner l'intoxication chronique au mercure

  • A- Généralités
  • B- Les substances protectrices
  • C- Les chélateurs


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NAMD à la Direction Générale de la Santé – Article du 28 février 2013

 



La Direction Générale de la Santé (DGS) nous a reçus mercredi 20 février. Deux sous-directions étaient présentes: la sous-direction en charge des produits de santé, représentée par Mme Catherine Choma et M. Rémi Garron ; et la Mission des Affaires Internationales et Européennes, représentée par M. Benjamin Redt. La sous-direction des risques liés à l’environnement et à l’alimentation, également concernée, n’était pas représentée.

Les porte-parole de NAMD étaient sa conseillère scientifique Marie Grosman (MG), sa conseillère juridique Edith Bon (EB), et son délégué général Geoffrey Begon (GB).
Nous avons exposé les deux motifs de notre visite : en premier lieu, connaître l'analyse de la DGS sur les délais d'interdiction possible de l'amalgame et apporter notre propre point de vue ; d'autre part, exposer notre sentiment quant au projet de rapport sur le mercure dentaire dernièrement commis par l'Agence du Médicament (ANSM).

Mme Choma a souhaité écarter de la discussion ce second volet : elle nous a demandé de lui faire parvenir par courriel nos motifs de désaccord avec l'ANSM, en précisant qu'elle re-saisirait l'Agence à partir de nos objections : nous pouvons donc nous féliciter de ce que nos commentaires ne resteront pas lettre morte. Nos principaux motifs de désaccord sont le fonctionnement opaque et partial de l'agence ; plus encore, une manière dépassée d’aborder la science, qui relègue dans l’ombre d’importantes données [renvoi].

L'essentiel de la discussion s'est donc concentré sur les moyens de parvenir à une réduction rapide de l'utilisation des amalgames, en visant l'horizon de leur interdiction.
Nous avons suggéré que la France adopte toutes les mesures proposées par le traité international (hors celle déjà adoptée : l'obligation de n'utiliser que des amalgames encapsulés). Nous avons indiqué ce qui nous paraît être les trois principaux outils :

1) le déremboursement des amalgames;
2) l'affichage dans les cabinets dentaires des mesures de précaution qui s'imposent lors de tout travail sur amalgame ;
3) l’arrêt de l’enseignement de la pose d’amalgames dans les universités et le renforcement de la formation initiale et continue pour la pose d’alternatives.

Le déremboursement peut être envisagé comme suit : la DGS saisira la Haute Autorité de Santé (HAS), qui élabore les protocoles de bonnes pratiques. Celle-ci sera donc chargée de définir les cas exceptionnels dans lesquels l’amalgame dentaire serait irremplaçable ; dans les autres situations, il pourrait être déremboursé. remarque : nous n'avons pas de garantie pour l'instant, mais n'avons pas essuyé un refus.
Rappelons que ce levier est extrêmement fort : c’est celui qu’a utilisé la Suède dès 1999 pour réduire drastiquement sa consommation de mercure dentaire, au moment où l’Europe lui opposait que l’interdiction était impossible.
Cependant, nos interlocuteurs ont expliqué qu’à partir du moment où la HAS serait saisie, il lui faudrait au moins un an pour établir son nouveau protocole. En outre, nous devons craindre, toujours, l’influence des instances dentaires qui tenteraient de persuader que l’amalgame reste sans substitut valable dans de nombreux cas. Nous devrons donc être offensifs et vigilants, et contribuer à mettre en avant les voix des dentistes "modernes", sans mercure, pour couvrir celles des vétérans du lobby dentaire.

L’affichage de mesures de protection du patient et des professionnels dans les cabinets dentaires dépend directement de la DGS. Nous pourrions donc obtenir une réponse plus rapide dans ce domaine. Nous souhaitons qu’il soit mentionné que l’amalgame contient 50 % de mercure, une substance extrêmement toxique et volatile, et qu’à ce titre tout travail sur amalgame doit être réalisé avec les plus grandes mesures de protection pour le patient, le praticien et son assistant(e).

La formation des étudiants et des professionnels est également de la responsabilité de la DGS. Cette voie, sur laquelle s’est déjà engagée la Suisse, aurait une puissante résonance : ce ne sont pas seulement, en fait, les nouveaux dentistes qui seraient concernés : l’impact serait très fort sur l’ensemble de la profession, amenée à repenser ses pratiques.

D’autres points importants ont été abordés.

M. Retz a assuré que lors des négociations pour obtenir une position européenne commune en Europe, la France faisait partie des États les plus disposés à l’interdiction.
D’un point de vue technique, il a expliqué qu’après signature du traité international, il faudrait encore sa ratification par l’Union puis par chacun des États membres.
MG a regretté que, lors des négociations internationales, les délibérations de la plupart des régions du monde étaient publiques, mais pas celles de l’Europe, qui se déroulent à huis-clos.
Elle a aussi évoqué les pressions intéressées qui s’exercent dans les processus de décision. Elle a ainsi rappelé que l’OMS, qui travaille en étroite collaboration avec les instances dentaires (FDI...), s’était prononcée dès la première cession des négociations internationales contre une interdiction des amalgames, non pour des raisons de santé publique mais, notamment, au motif que la rémunération des dentistes en serait écornée.
MG a également indiqué que l'on ne pouvait pas se fier à l’Union Française de Santé Bucco-Dentaire (UFSBD) pour assurer la prévention des caries, sachant qu’elle est subventionnée par l'industrie du sucre et qu’elle rejette par conséquent l’idée selon laquelle le sucre serait un facteur de risque pour la maladie carieuse. La prévention doit surtout être prise en charge par des structures publiques, comme l'Education Nationale.

MG a rappelé qu’aucun test de toxicité cellulaire n’est effectué avant la mise sur le marché pour les amalgames ; et que ceux-ci n’auraient aucune chance de résister à de tels tests.
Mme Choma a confirmé que la France n’avait jamais demandé la mise en place de ces tests. Elle a cependant indiqué qu’il fallait choisir entre un arrêt progressif, fondé sur la mise en place des nouveaux protocoles émis par la HAS – et nous nous accordions sur cette position – ou bien une solution plus abrupte. L'interdiction très rapide des amalgames lui semble impossible : on est bien d'accord ?
Le problème a cependant resurgi d’une autre manière, quand Mme Choma a rappelé que nous devions nous assurer de ne pas remplacer un matériau existant par un autre plus toxique ; GB a alors objecté que nous ne pouvions pas nous dispenser pour cela d’une comparaison : on ne peut pas imposer aux nouveaux matériaux des épreuves dont l’amalgame est exempté, et conserver l’amalgame au prétexte que les autres matériaux faillissent aux tests.
MG a rappelé que nous demandons une autorisation de mise sur le marché, avec test de toxicité cellulaire, pour tous les matériaux dentaires ; et que les toxiques avérés (tels le mercure et le bisphénol A) devraient être a priori interdits dans ces matériaux.

Mme Choma a noté que le patient a droit à un consentement éclairé et qu’il est donc autorisé à s’informer sur les matériaux qu’on lui met en bouche et les gestes du praticien. GB a répondu que, dans les faits, ce droit est constamment bafoué, de sorte qu’il faut trouver une remédiation. D’autre part, EB a souligné que la relation entre le praticien et le patient est très disproportionnée en termes de connaissances, de sorte que le patient se repose naturellement sur le praticien.
Mme Choma a insisté sur le fait qu’il faut éviter de semer la panique chez tous les porteurs d’amalgames, et d'occasionner des vagues de dépose sauvage qui risqueraient d’aggraver le mal plus que de le guérir.
Nous l’avons assurée que nous étions très conscients de ce problème.

Nous savons bien, et nous l’avons mentionné, que les amalgames ne seront jamais interdits pour des raisons de santé publique, à cause des responsabilités qui sont en jeu ; toutefois nous avons rappelé pour finir que les négociations européennes et internationales sur le mercure, qui abordent la question d’un point de vue environnemental, sont précisément une opportunité donnée à tous pour mettre fin à ce fléau sans qu’aucun des partis ne perde la face.

Veille scientifique année 2012 – Article publié le 21 février 2013

 

TOXICITÉ DU MERCURE DENTAIRE


Notre recherche a été effectuée dans la base Medline, à l’aide des mots-clefs « mercury » puis « amalgam ».
Nous avons retenu l’ensemble des articles concernant l’intoxication chronique au mercure élémentaire et inorganique, s’intéressant aux problématiques suivantes :

1) La toxicologie du mercure élémentaire

2) L’exposition au mercure via l’amalgame dentaire
Toutes les études qui s’intéressent à cette question indiquent une corrélation entre le nombre d’amalgames et l’imprégnation de l’organisme du patient en mercure.

3) Les effets directs de l’amalgame
Plusieurs études constatent des effets locaux, mais aussi systémiques, sur les systèmes nerveux, immunitaire, endocrinien ainsi que sur les reins.

4) La contamination de l’embryon, du fœtus et du nourrisson par la mère


5) Les effets délétères
De nouvelles études viennent renforcer la thèse d’une association entre le mercure et les troubles du spectre autistique, la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et l’acrodynie. D’autres études soutiennent la thèse d’un lien entre mercure et cancer, hydrocéphalie et parodontite.
Le mercure perturbe le système endocrinien et ses effets délétères s’exercent sur plusieurs générations. Plusieurs études confirment qu’il attaque notamment les systèmes nerveux (troubles du comportement et de l’audition) et cardiovasculaire.

6) Les mécanismes d’action

En outre, 5 articles s’intéressent aux alternatives à l’amalgame : ils montrent globalement que ce matériau toxique est tout à fait remplaçable.

Ainsi, 82 articles ont été retenus. Ils sont présentés ici avec des extraits, traduits, du résumé ou de l’article intégral.

Voir le document intégral.



Mercure et autisme : une relation de cause à effet ? – Article du 29 janvier 2013

 

En prévision du 3e plan autisme, le toxicochimiste André Picot et la spécialiste de la santé publique Marie Grosman ont réalisé un dossier interrogeant les relations entre l'intoxication au mercure et l'explosion des cas d'autisme à laquelle nous faisons face depuis les dernières décennies.

Ce travail a bénéficié des relectures de Bertrand Jacques, André Cicolella et Geoffrey Begon.

Il a obtenu le soutien des associations Non Au Mercure Dentaire, Association Toxicologie Chimie, Fondation de France, ainsi que des députés Daniel Fasquelle (UMP) et Gwendal Rouillard (PS), co-presidents du groupe parlementaire de réflexion sur l'autisme.

Nous espérons que ce travail invitera la ministre en charge de ce plan, Mme Carlotti, ainsi que la ministre de la Santé, Mme Touraine, à ouvrir un volet s'intéressant aux causes de l'autisme, jusqu'alors terriblement ignorées.

Le détail technique de la réglementation sur le mercure dentaire – Article du 22 janvier 2013

 

Même si les dispositions sur le mercure dentaire contenues dans le traité international ne sont pas à la hauteur de nos espérances, il ne faut pas minimiser leur portée.

Il est désormais acté à l'échelle du monde que l'amalgame dentaire est un matériau dangereux, tout au moins pour l'environnement.

Cette considération pèsera nécessairement sur les politiques européennes et nationales.

Nous pouvons être fiers de notre engagement dans l'Alliance pour une dentisterie sans mercure et dans l'ensemble des négociations internationales : sans notre obstination, il est certain que l'OMS et la Fédération Dentaire Internationale (FDI) seraient parvenues à exempter les amalgames de toute contrainte. A vrai dire, il s'en fallait de très peu lors de la dernière session du comité intergouvernemental de négociation (INC5).

Nous saluons donc avec gratitude les émissaires de NAMD à Genève : Marie Grosman et Edith Bon.

Et nous rendons hommage aux premiers lanceurs d'alerte sur l'amalgame, ceux qui marchent encore avec nous comme ceux qui sont disparus - à commencer par Jean-Jacques Melet.



L'équipe de l'Alliance Mondiale pour une dentisterie sans mercure lors de l'INC5, à Genève.


Chaque pays sera désormais contraint d'adopter au minimum 2 mesures parmi les neuf suivantes, et les pays en développement seront d'autant plus soutenus financièrement qu'ils adopteront plus de mesures :

(I) Fixer des objectifs nationaux de prévention des caries dentaires et de promotion de la santé afin de minimiser le besoin en soins dentaires ;

(II) Fixer des objectifs nationaux dans le but de diminuer leur utilisation ;

(III) Promouvoir l’utilisation d’alternatives sans mercure d’un bon rapport coût-efficacité ;

(IV) Promouvoir la recherche et le développement de matériaux sans mercure de qualité pour les obturations dentaires ;

(V) Encourager les organisations professionnelles représentatives et les écoles dentaires à éduquer et former les professionnels dentaires et les étudiants à l’utilisation d’alternatives sans mercure pour les restaurations ;

(VI) Décourager les polices d’assurance et les programmes favorisant l’usage des amalgames par rapport à celui d’alternatives sans mercure ;

(VII) Encourager les polices d’assurance et les programmes favorisant l’usage d’alternatives sans mercure par rapport à celui des amalgames ;

(VIII) Restreindre l’usage des amalgames à leur forme encapsulée ;

(IX) Promouvoir l’usage des meilleures pratiques environnementales pour réduire les rejets de mercure et de composés de mercure dans l’eau et le sol.



A l'évidence, toutes ces mesures ne sont pas également contraignantes. Il y a fort à parier que la FDI va engager les Etats à appliquer les mesures 1 et 8 : en ce cas, effectivement, elle sera parvenue à maintenir l'inertie.

L’Association Dentaire Américaine (ADA) s'est déjà réjouie de constater que, de son point de vue, "les dispositions du traité relatives aux amalgames dentaires protègent cette importante option de traitement sans restrictions pour les patients, tout en équilibrant la nécessité de protéger l'environnement. Il est vital pour les gens partout dans le monde de continuer à avoir accès à un traitement sûr, durable et abordable pour le soin des caries."

Elle persiste donc à prétendre qu'il n'y aurait point de salut pour la santé dentaire en dehors de l'amalgame : mais comment font les pays, riches ou pauvres, qui s'en dispensent ? L'ADA, ou l'Association Dentaire Française (ADF) qui assène régulièrement le même propos, disposeraient-elles de données leur permettant d'affirmer que la santé bucco-dentaire se dégrade dans les pays renonçant à l'amalgame dentaire ?

L'ADA rappelle qu'elle s'est toujours battue aux côtés de la FDI pour que la diminution du volume d'amalgames passe par la réduction de la prévalence de la maladie carieuse. Elle ajoute soutenir d'autres mesures, "telles que la recherche, le développement des alternatives à l'amalgame dentaire et de meilleures pratiques de gestion impliquant le stockage et le recyclage des déchets d'amalgame." Ainsi l'amalgame resterait à ce jour indispensable, et l'on serait condamné à trouver des solutions pour s'accommoder de ses déchets toxiques.

De son côté, le directeur exécutif de la FDI, M. Eiselé, a estimé dans Le Monde du 19 janvier que le traité n'est rien d'autre qu'un "signal" qui rappelle aux dentistes leur responsabilité environnementale. Selon lui, "le jour où l'on disposera d'un matériau alternatif facile d'utilisation et stable, on y passera naturellement, rien que pour des raisons esthétiques". M. Eiselé prétend donc que les alternatives n'existent pas, ce qui est faux. [1]

Il a également soutenu devant témoins à Marie Grosman, lors de l'INC5, que l'amalgame serait stable en bouche, ce qui a été démenti depuis des dizaines d'années. [2]

Mais, à défaut de s'appuyer sur les données scientifiques, les instances dentaires savent pouvoir se reposer sur leurs nombreux relais à l'OMS, dans les agences sanitaires ou les gouvernements. La bataille continue donc pour faire en sorte que les Etats s'astreignent à des mesures réellement efficaces pour réduire la consommation de mercure dentaire, par exemple en jouant sur le remboursement des divers matériaux d'obturation ou en cessant d'enseigner la pose de l'amalgame.

Mais au-delà du principe de réduction , c'est bien l'interdiction que nous devons viser pour l'Europe et la France dans les plus brefs délais.



 


[1] Les alternatives sans mercure sont d'une longévité au moins équivalente à l'amalgame :

Aguirre Aguilar AA, Rios Caro TE, Huamán Saavedra J, França CM, Fernandes KP, Mesquita-Ferrari RA, Bussadori SK. [Atraumatic restorative treatment: a dental alternative well-received by children]. Rev Panam Salud Publica. 2012 Feb;31(2):148-52.

Frencken JE, Taifour D, van 't Hof MA. Survival of ART and amalgam restorations in permanent teeth of children after 6.3 years. J Dent Res. 2006 Jul;85(7):622-6.

Frencken JE, van't Hof MA, Taifour D, Al-Zaher I. Effectiveness of ART and traditional amalgam approach in restoring single-surface cavities in posterior teeth of permanent dentitions in school children after 6.3 years. Community Dent Oral Epidemiol. 2007 Jun;35(3):207-14.

Hickel R, Kaaden C, Paschos E, Buerkle V, García-Godoy F, Manhart J. Longevity of occlusally-stressed restorations in posterior primary teeth. Am J Dent. 2005 Jun ;18(3):198-211

Kalf-Scholte SM, van Amerongen WE, Smith AJ, van Haastrecht HJ. Atraumatic restorative treatment (ART): a three-year clinical study in Malawi--comparison of conventional amalgam and ART restorations. J Public Health Dent. 2003 Spring;63(2):99-103.

Mickenautsch S, Yengopal V, Leal SC, Oliveira LB, Bezerra AC, Bönecker M. Absence of carious lesions at margins of glass-ionomer and amalgam restorations: a meta- analysis. Eur J Paediatr Dent. 2009 Mar;10(1):41-6.

Mickenautsch S, Yengopal V, Banerjee A. Atraumatic restorative treatment versus amalgam restoration longevity : a systematic review. Clin Oral Investig. 2010 Jun ;14(3):233-4

Qvist V, Poulsen A, Teglers PT, Mjör IA. The longevity of different restorations in primary teeth. Int J Paediatr Dent. 2010 Jan;20(1):1-7.

Zanata RL, Fagundes TC, Freitas MC, Lauris JR, Navarro MF. Ten-year survival of ART restorations in permanent posterior teeth. Clin Oral Investig. 2011 Apr ;15(2):265-71


[2] Les amalgames relarguent du mercure :

Danscher G, Hørsted-Bindsley P, Rungby J: Traces of mercury in organs from primates with amalgam fillings.
Exp Mol Pathol 1990 , 52:291-299.

Drasch G, Schupp I, Hofl H, Reinke R, Roider G: Mercury burden of human fetal and infant tissues. Eur J Ped 1994, 153:607-610.

Eggleston DW, Nylander M: Correlation of dental amalgam with mercury in brain tissue. J Prosth Dent 1987, 58:704-707.

Guzzi G, Grandi M, Cattaneo C, Calza S, Minoia C, Ronchi A, Gatti A, Severi G: Dental amalgam and mercury levels in autopsy tissues: food for thought. Am J Forensic Med Pathol 2006, 27:42-45.

Hahn LJ, Kloiber R, Leininger RW, Vimy M, Lorscheider FL: Whole-body imaging of the distribution of mercury
released from dental fillings into monkey tissues.
FASEB Journal 1990 , 4:3256-3260.

Hahn LJ, Kloiber R, Vimy MJ, Takahashi Y, Lorscheider FL: Dental "silver" tooth fillings: a source of mercury
exposure revealed by whole-body image scan and tissue analysis.
FASEB Journal 1989 , 3:2641-2646.

Levy M, Schwartz S, Dijak M, Weber JP, Tardif R, Rouah F: Childhood urine mercury excretion: dental amalgam and fish consumption as exposure factors. Environ Res 2004, 94:283-290.

Lorscheider FL, Vimy MJ: Mercury exposure from "silver" fillings. Lancet 1991 , 337:1103.

Mortada WI, Sobh MA, El-Defrawy MM, Farahat SE: Mercury in dental restoration: is there a risk of nephrotoxicity?
J Nephrol 2002, 15:171-176.

Nylander M, Friberg L, Lind B: Mercury concentrations in the human brain and kidneys in relation to exposure from dental amalgam fillings. Swed Dent J 1987 , 11:179-187.

Pizzichini M, Fonzi M, Giannerini M, Mencarelli M, Gasparoni A, Rocchi G, Kaitsas V, Fonzi L: Influence of amalgam fillings on Hg levels and total antioxidant activity in plasma of healthy donors. Sci Total Environ 2003 , 301:43-50.

Vimy MJ, Takahashi Y, Lorscheider FL: Maternal-fetal distribution of mercury (203 Hg) released from dental
amalgam fillings.
Am J Physiol 1990 , 258:939-945.






Communiqué de presse (22 janvier 2013) – Négociations internationales sur le mercure : un bilan en demi-teintes.

 





Vendredi 18 janvier à Genève, plus de 130 Nations ont adopté le premier accord mondial sur le mercure, une substance que l’OMS classe parmi les « dix produits chimiques ou groupes de produits chimiques extrêmement préoccupants pour la santé publique. »

Une grande victoire est l’interdiction de l’extraction de mercure – même si elle ne sera effective qu’en 2025.

La majorité des produits contenant du mercure sont appelés à disparaître : ainsi des piles, batteries, ampoules basse consommation, interrupteurs, appareils de mesures, savons ou crèmes. De même, l’utilisation du mercure sera prochainement exclue des procédés de production de divers produits (chlore-soude, pesticides et biocides, acétaldéhyde, vinyles monomères, etc.).

Cependant les délais d'élimination sont très longs. La date de suppression est fixée à 2020, et chaque pays a la possibilité de surseoir pendant 5 ans, renouvelables une fois, ce qui porte à 2030.

Surtout, un certain nombre de produits échappent encore à toute réglementation. Ainsi de l'orpaillage, qui représente pourtant le plus gros volume de rejets de mercure dans l’environnement et qui constitue en cela une menace sanitaire alarmante pour certains pays pauvres.

Parmi les autres produits non réglementés, il faut citer les crayons noirs pour les yeux, le mercure à usage militaire ou à destination religieuse, ou encore… le mercure utilisé dans les vaccins (humains et animaux), vigoureusement défendu par l’OMS.



Quant aux amalgames dentaires, qui sont la première source d’exposition au mercure des Européens et particulièrement des Français, ils font bel et bien partie des produits dont l’utilisation doit être réduite, ce qui doit être salué comme une étape historique. L’utilisation des amalgames sera découragée (par les assurances sociales, les polices de santé) et les alternatives sans mercure encouragées : elles sont désormais la norme, et l’élimination des amalgames est devenu un but à atteindre.

L’Alliance mondiale pour une dentisterie sans mercure et ses multiples associations membres, comme Non Au Mercure Dentaire en France, réclamaient l’arrêt total de l’usage du mercure dentaire.

De nombreux pays montrent le chemin et infirment l’argument selon lequel l’amalgame resterait irremplaçable : la Russie, le Japon, l’Arménie s’en dispensent depuis très longtemps ; la Suède, la Norvège et le Danemark l’ont interdit ; le Zimbabwe n’en utilise presque plus et le proscrit chez les enfants ; la suppression de l’amalgame est programmée en 2014 au Cameroun et très bientôt aux Philippines ; en Suisse, la pose d'amalgames n’est plus enseignée dans les facultés dentaires ; etc.

A Genève, la région africaine, la Norvège et la Suisse ont tout fait pour obtenir l’interdiction, alors que l’Union Européenne soutenait une diminution sévère de l’usage des amalgames par des mesures contraignantes.

Là encore, la FDI et l’OMS ont pesé de tout leur poids pour éviter l’interdiction des amalgames, ne réclamant que des mesures de prévention des caries. [1]



En somme, la prise de conscience de la dangerosité du mercure n’a pas réussi à contrer des intérêts économiques âprement défendus notamment par le Canada, les USA, le Brésil, la Chine et l’Inde. Ce traité ne suffira pas à faire chuter rapidement la contamination de l’environnement et l’exposition des populations. Aussi les associations de victimes de Minamata, [2] soutenues par International POPs Elimination Network (IPEN), s’opposent-elles au nom de Minamata convention qu’il est prévu de donner à ce texte, car elles déplorent que les victimes de Minamata ne soient pas suffisamment reconnues et estiment qu’un tel traité ne suffira pas à empêcher de futures catastrophes similaires.

Il reste à espérer que l’Union Européenne, qui doit prochainement prendre ses décisions sur le mercure dentaire dans le cadre de sa stratégie communautaire sur le mercure, fasse preuve en cette occasion d’une entière responsabilité et d’une pleine indépendance. Le rapport de l’agence BIO Intelligence Service, commandité par la Commission Européenne, préconise une interdiction de l’amalgame à l’horizon 2018 – un but aisément atteignable.

 


[1] L’OMS était en l’occurrence représentée par M. Petersen, qui avait précédemment rédigé un rapport pro-amalgame censé rendre compte d’une réunion de spécialistes qui s’était déroulée au siège de l’OMS ; ce rapport était si impartial que l’OMS avait dû le retirer et lui en substituer un second, paru en 2011 : celui-ci acte des effets délétères de l’amalgame dentaire sur la santé, mais l’OMS n’en a dans les faits jamais tenu compte. Il faut encore préciser que M. Petersen est le représentant de l’OMS auprès de la Fédération Dentaire Internationale (FDI) et que celle-ci s’était engagée auprès des fabricants d’amalgames à garantir la continuité de leur « activité commerciale ».
Voir aussi le rapport d’Ulf Bengtsson sur les conflits d’intérêts.

[2] Dans la ville japonaise de Minamata, une usine rejetait d’importantes quantités de mercure. Les habitants s’intoxiquaient en consommant du poisson contaminé par ce mercure et contractaient des affections neurologiques graves ; des enfants naissaient avec de graves malformations.





Interview d'Edith Bon sur RFI – Article du 21 janvier 2013

 

Une interview de la conseillère juridique de NAMD, lors des négociations internationales sur le mercure, à retrouver ici.



Le Traité des Nations unies sur le mercure devant réduire progressivement l'amalgame au niveau mondial : est salué par les associations de santé et protection de l'environnement – Article du 21 janvier 2012

 



Genève, Suisse. Même si aucune date pour l’interdiction totale de l'amalgame dentaire n’a été fixée, les discussions du traité des Nations Unies sur le mercure devraient aboutir à une réduction progressive du mercure dentaire au niveau mondial, selon les représentants des associations de protection de l'environnement et de la santé qui participent aux négociations. Le texte relatif à l’élimination progressive de l'amalgame, inclus dans l'annexe C de l'article 6 sur les produits, devrait bientôt être transmis à la plénière du Comité Intergouvernemental de Négociation pour approbation. [1]
« C'est le début de la fin de l'amalgame dentaire au niveau mondial», a déclaré Michael T. Bender, Directeur du Mercury Policy Project, une ONG américaine, qui participe à des discussions sur le traité relatif au mercure. « Nous saluons le rôle de leadership joué par les États-Unis dans le démarrage du soutien de la phase de réduction progressive du mercure en 2011, ainsi que les mesures concrètes de certains pays comme le Japon ou les pays nordiques (Suisse, Norvège) quant à la suppression progressive des amalgames. »

« Les pays qui ont également cessé d’utiliser l'amalgame rappellent que des matériaux d’obturation des cavités dentaires sans mercure sont facilement disponibles, abordables et efficaces », a déclaré M. Charles G. Brown, de l’Alliance mondiale pour la dentisterie sans mercure, une coalition mondiale d'ONG, composée de dentistes et consommateurs de plus de 25 pays. « Cela va révolutionner le secteur de la dentisterie. Maintenant, le reste du monde pourra bénéficier de l'expérience de ces pays. »

L’avant projet de texte décrit un ensemble de mesures que les pays peuvent prendre pour réduire progressivement l'usage de l’amalgame. Chaque pays devra appliquer au moins deux des mesures répertoriées dans le texte. Il s'agit notamment de mettre en place des objectifs au niveau national qui réduisent l'utilisation des amalgames dentaires, de promouvoir des substituts sans mercure pour la restauration dentaire, ainsi que de décourager les polices d'assurance et les programmes qui favorisent l'amalgame dentaire au détriment des matériaux alternatifs sans mercure pour la restauration dentaire.

D'autres mesures visent à réduire la pollution mondiale par le mercure dentaire et impliquent une restriction de l'utilisation des amalgames sous sa forme encapsulée ainsi que la promotion de meilleures pratiques environnementales dans les installations de soins dentaires. Elles encouragent également les facultés dentaires à former les futurs dentistes à l'utilisation de substituts sans mercure et à avoir de meilleures pratiques de gestion des déchets mercuriels déjà générés.

De nombreux pays ont déjà envisagé des mesures similaires, en raison de l'utilisation importante et de la pollution mercurielle au niveau mondial. Un rapport de 2012 de la Commission européenne (CE) a recommandé la suppression progressive des amalgames dans un délai de cinq ans. [2]

Le rapport BIOIS de la Commission Européenne (CE) a également noté que les matériaux d’obturation sans mercure ne sont plus onéreux qu’en apparence, car les coûts environnementaux et sanitaires de l'amalgame sont externalisés. Les effets négatifs sur l’environnement des amalgames sont connus et, finalement, la société paie pour la libération incontrôlée de mercure dentaire, comme l’explique notre rapport de 2012. [3]

Selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), l'utilisation du mercure dans les plombages dentaires représente environ 10% de la consommation mondiale de mercure, se plaçant ainsi le secteur de la dentisterie au rang du premier utilisateur de mercure dans le monde. Le PNUE estime la consommation mondiale de mercure dentaire entre 300 -. 400 tonnes métriques par an. [4]



Notes :

[1]http://www.unep.org/hazardoussubstances/MercuryNot/MercuryNegotiations/tabid/3320/language/en-US/Default.aspx

[2] Rapport de la commission Européenne par BIOS: http://ec.europa.eu/environment/chemicals/mercury/pdf/Final_report_11.07.12.pdf

[3] “Real Cost of Dental Mercury Pollution,” by Concorde: http://mercurypolicy.org/wp-content/uploads/2012/04/real_cost_of_dental_mercury_april_2012-final.pdf

[4] MAP/UNEP 2008


Source: Mercury Policy Project, www.mercurypolicy.org




Dernière session des négociations internationales sur le mercure : les amalgames dentaires seront-ils interdits ? – Article du 10 janvier 2012

 

Du 13 au 18 janvier, la cinquième et dernière session du Comité Intergouvernemental de Négociation sur le mercure (INC5) décidera à Genève des mesures qui doivent être prises pour limiter la pollution et l’exposition de la population mondiale à ce métal extrêmement toxique.

Dans ce cadre, les amalgames dentaires, ces matériaux d’obturation composés pour moitié de mercure, devront être réglementés. Or, dès 2009, les instances dentaires ont proposé aux fabricants d’amalgames de les représenter lors des négociations pour faire en sorte que leurs « activités commerciales » ne soient pas interdites.

En Europe, les amalgames dentaires représentent pourtant le second facteur de pollution au mercure, après la filière chlore alcali : ils passeront au premier rang dès que cette industrie aura achevé de se moderniser.

Dans les pays qui pratiquent l’orpaillage, il est à craindre que, si cette dernière pratique se voyait réglementée sans qu’on mette simultanément de frein au commerce du mercure dentaire, celui-ci continuerait d’être orienté dans l’ombre vers prospection de l’or.

Enfin, dans la mesure où les pays riches se détournent progressivement de l’amalgame, il paraît très probable que celui-ci sera largement écoulé dans les pays pauvres, creusant encore les inégalités environnementales : les pays africains ont déjà annoncé qu’ils refusaient de devenir le « dépotoir de l’amalgame dentaire ».

Le maintien de ce dispositif médical ne peut donc pas s’expliquer sur le plan environnemental.

Du point de vue sanitaire, il est également injustifiable. Même si les agences sanitaires européenne et française [1] persistent à nier tout risque de toxicité, l’Organisation Mondiale de la Santé a reconnu en 2011 que des risques systémiques sont associés à l’amalgame et que la neurotoxicité du mercure est particulièrement préjudiciable au cerveau en développement de l’enfant.

On sait en effet que les amalgames dentaires sont les premiers contributeurs à la charge corporelle en mercure dans les pays développés.

Les risques les plus importants sont encourus par les professionnels de la dentisterie.

En plus du large éventail de symptômes non spécifiques qu’il est susceptible de produire, le mercure dentaire pourrait être impliqué dans l’explosion des maladies neurologiques (autisme, maladie d’Alzheimer, sclérose en plaques, etc.) à laquelle nous faisons face.

Comment accepter ce risque, alors que nous savons désormais que :
  • l’amalgame dentaire est parfaitement remplaçable – plusieurs pays en ont fait la démonstration désormais ;
  • certaines alternatives ont une longévité au moins équivalente ;
  • le coût de l’amalgame pour la société est nettement supérieur à celui des alternatives ;
  • le Ciment Verre Ionomère (CVI), une alternative biocompatible, améliore l’accès aux soins dans les régions pauvres puisqu’il est de faible coût, que la pose ne nécessite pas d’électricité et qu’il peut être utilisé par des non-dentistes ?


La France, ralliant l’avis du Conseil de l'Europe et de la société BIOIS, accepte à présent de renoncer au mercure dentaire : espérons qu’elle fasse entendre sa voix lors de l’INC5, et que les négociations aboutiront à un programme ambitieux pour le monde.


Pour de plus amples informations, voir notre dossier de presse : .



[1] L’ANSM « actualise » le rapport de 2005 qui concluait à l’absence de toxicité du mercure dentaire. Le nouveau projet de rapport défend la même thèse. Ce texte, pour lequel nous ne parvenons à connaître ni les auteurs ni les experts auditionnés, procède d’une d’une méthodologie destinée à écarter les études qui mettent en cause la toxicité du mercure dentaire : dans un premier temps, les publications scientifiques sont réduites en nombre comme peau de chagrin, au moyen de critères d’exclusion injustifiables ; puis les études soutenant l’hypothèse d’une association entre les amalgames et une pathologie sont invalidées au prétexte de « biais méthodologiques ».